Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier

Résumé du livre Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier par Philippe Sers :

 » Quels sont les pouvoirs de la couleur ? Comment agit-elle sur notre conscience profonde ? Quelle est la situation créatrice de l’homme dans notre société ?

Ecrit en 1910 alors que l’artiste venait de peindre son premier tableau abstrait, nourri des observations et des expériences accumulées peu à peu, ce livre compte parmi les textes qui ont changé le cours de l’art moderne. « 

Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, Kandinsky Wassily, 1911, édition 1989

Couverture du livre du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier

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Qui est Wassily Kandinsky ?

Wassily Kandinsky né en 1866 et mort en 1944, fut un peintre et théoricien russe, précurseur de l’art abstrait. Né à Moscou, il étudia le droit et l’économie avant de se tourner vers l’art à Munich. Fasciné par la musique, il développa une théorie selon laquelle la couleur pourrait susciter des émotions similaires. Ses œuvres pionnières comme « Composition VII » et « Jaune-Rouge-Bleu » dépeignent l’abstraction émotionnelle. Kandinsky co-fonda le mouvement artistique « Le Cavalier bleu » et enseigna au Bauhaus.

Livres de Wassily Kandinsky :

Point et ligne sur plan : Contribution à l’analyse des éléments picturaux,1926
Sounds,1912
Regards sur le passé, 1913-1923

Sommaire

Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier

A. Généralités

I. Introduction

Selon Kandinsky, il existe trois types d’art :

L’art qui vient de l’extérieur :

C’est une simple imitation d’un art qui a déjà été produit à une autre époque. Il est bien inférieur, car il ne reprend pas tout ce que cet art pouvait représenter à son époque originale. Il est en quelque sorte décontextualisé et perd donc son message.

Cet art se concentre exclusivement sur le matériel ou le style.

L’art qui vient de l’intérieur :

Cet art a la capacité de reprendre une atmosphère morale et spirituelle d’un art d’une autre époque. La recherche d’une ressemblance ne vient pas des caractéristiques extérieures de l’œuvre, mais de l’ambiance spirituelle de toute une période.

– L’art qui transcende l’être :

Lorsque l’art atteint son but véritable, il touche émotionnellement le spectateur au plus profond de lui-même. Il est alors impossible de mettre des mots sur ces émotions qui nous touchent au plus profond de nous-mêmes.

C’est l’art qui dépasse les époques et qui possède une force spirituelle universelle et infinie.

La pensée matérialiste limite notre accès à des émotions subtiles

Les œuvres d’art reflètent leur époque et leur contexte uniques. C’est pourquoi la pensée matérialiste dominante de notre époque entrave notre compréhension des primitifs flamands ou italiens, malgré notre ressenti de proximité. En effet, notre pensée actuelle, influencée par le matérialisme, limite notre accès à des émotions subtiles inexprimables par les mots. Souvent, les spectateurs se contentent de rechercher l’imitation de la nature ou une approche impressionniste.

Cependant, il arrive parfois que l’art réussisse à élever l’ambiance intérieure du spectateur en le touchant profondément, et c’est alors qu’il atteint son but ultime : élever l’âme du spectateur.

Un art matérialiste, déconnecté du public

De nos jours, l’art est davantage consommé que véritablement admiré et vécu. Le spectateur parcourt les tableaux sans se poser les questions profondes qui ont animé l’artiste, trop absorbés par ses préoccupations personnelles.

Tolstoï disait qu’un peintre était capable de dessiner et tout peindre. Cependant, l’auteur considère que la véritable essence de la peinture est ce qu’en dit Schumann : « projeter la lumière dans les profondeurs du corps humain, telle est la vocation de l’artiste.« .

L’auteur déplore la prédominance de l’idéologie « l’art pour l’art », qui conduit à un art matérialiste, superficiel et représentatif. Cette approche entraîne une déconnexion entre l’artiste et le spectateur. Selon l’auteur, l’art devrait être éducatif, permettant à l’artiste de faire comprendre au spectateur son être intérieur à travers son art.

L’art, témoin d’une pensée qui évolue

L’homme aspire constamment à trouver la vérité et à s’élever, et en période de troubles, certaines personnes en avance sur leur temps montrent la voie aux autres.

L’art a le pouvoir d’incarner des idées et des philosophies. Lorsque l’humanité commence à glorifier ces hommes visionnaires qui ont œuvré pour le bien commun, cela témoigne de la compréhension de l’importance de leurs pensées.

Les statues deviennent alors une reconnaissance et une acceptation de ces idées, ainsi qu’un moyen d’y accéder et de les comprendre.

II. Mouvement

L’avancée spirituelle

L’ascension spirituelle est comparée à un triangle, où chaque extrémité se trouve des hommes dont la pensée spirituelle dépasse les limites du triangle. Au fur et à mesure que le triangle monte, ces idées deviennent compréhensibles pour les autres.

Les fins matérielles font régresser l’humanité

L’inconvénient de cette ascension spirituelle est que certains hommes déjà élevés se nourrissent parfois d’un contenu spirituel inférieur. Cela entraîne une stagnation voire une régression de l’humanité. Ces moments surviennent lorsque l’importance est accordée à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur. C’est ce que l’auteur nomme les moments de décadence.

À ce stade, l’art est utilisé à des fins matérielles, où les artistes privilégient le « comment » plutôt que le « quoi ». Il devient ainsi réservé à des petits groupes d’initiés adulés. La compétition et la quête de succès conduisent alors à une superficialité croissante de l’art. Pendant ce temps, le spectateur se replie sur des positions déjà acquises ou tourne le dos à l’art.

Le quoi l’emporte sur le comment

Malgré la focalisation d’un artiste sur l’aspect matériel et extérieur de ses œuvres (le « comment »), sa personnalité s’y ajoute, permettant de transmettre ses émotions et son âme au public. Cela ouvre la voie à une expérience délicate, un réveil spirituel et l’accès au « quoi » profond de l’art.

Cette personnalité, à l’origine liée au « comment », devient ensuite un élément intérieur artistique, l’âme de l’art, liée à la manière de l’esprit et du corps.

III. Tournant spirituel

La sensibilité, la seule vérité éternelle

Plus nous progressons dans ce triangle spirituel, plus la remise en question et la remise en cause de la spiritualité s’intensifient. La quête spirituelle, et donc celle de la vérité, est perpétuellement renouvelée. La vérité d’hier est remplacée par celle d’aujourd’hui, qui sera elle-même remplacée par celle de demain.

Les principes extérieurs de l’art que nous observons aujourd’hui ne pourront jamais être ceux de demain ; ils appartiennent au passé. Ce qui existera demain ne peut être figé aujourd’hui car nous ne pouvons prédire l’avenir. Seule la sensibilité peut traverser les époques.

Des spiritualités qui traverse les siècles

Dans la recherche de vérité, à un niveau supérieur de la pyramide, des savants étudient la matière et remettent en question sa nature même.

Avec les avancées, des faits autrefois qualifiés de mensonges par la science et les médias sont désormais acceptés et modérés par la société et les sciences matérialistes. Cependant, la méthode matérialiste a ses limites pour répondre aux questions sur la non-matière. C’est pourquoi de plus en plus de personnes se tournent vers des méthodes du passé pour trouver des réponses.

Des peuples venant d’autres pays, comme l’Inde, ont des façons de penser qui ont traversé le temps. Des hommes occidentaux, tels que Blavatsky, ont importé des mouvements spirituels comme la théosophie, qualifiée de « vérité éternelle ». Même si on peut avoir des doutes quant à ces philosophies, elles restent néanmoins des moyens possibles d’élévation, telles des lueurs dans les ténèbres.

Le langage éternel des arts

Chaque art possède son propre langage composé de matériaux éternels, permettant de toucher l’âme du spectateur lorsqu’ils sont utilisés de manière parfaite. Cette résonance provient de la capacité des matériaux à dénommer un objet, éveillant ainsi une vibration dans le cœur du spectateur.

Le langage éternel de différents arts est le suivant :

Littérature : le mot

Musique : le son

Sculpture : le volume extérieur

Peinture : la couleur

Des artistes ont cherché à s’émanciper du rapport au matériel et à la beauté réaliste en recherchant ce langage éternel.

Par exemple, Mathis s’est concentré sur la couleur et Picasso sur la forme. Cependant, bien que leurs explorations offrent des pistes intéressantes, aucun d’eux n’a réussi à se libérer complètement de la représentation matérialiste de la beauté extérieure.

IV. La pyramide

L’art doit utiliser ses moyens pour exprimer la vie spirituelle de l’artiste plutôt que de simplement représenter la nature et ses phénomènes. La musique est l’art qui réussit le mieux à s’émanciper de la représentation naturelle.

Chaque art possède son propre langage, se ressemblant dans leurs moyens, mais s’éloignant dans leur approfondissement individuel. La peinture, par exemple, recherche des rythmes, des constructions abstraites et des mathématiques, mais reste encore liée aux formes naturelles. Chaque art doit utiliser ses propres moyens, impliquant un mode d’utilisation particulier qui reste à découvrir pour certains.

L’unification des forces propres de différents arts évoluera avec le temps vers un véritable art : l’art monumental.

B. Peinture

V. Action de la couleur

Les effets de la couleur

La couleur provoque un double effet :

1 – L’effet superficiel

Le premier effet est purement physique, provoquant des sensations superficielles de courte durée à travers nos sens. Cependant, ces sensations peuvent éveiller des émotions plus profondes qui se développent en événements marquants. Les sensations les plus profondes se produisent lorsque nous découvrons un objet ou un sujet pour la première fois, mais notre habitude de côtoyer ces objets a éloigné ce ressenti.

Au fur et à mesure que l’homme se développe, les caractéristiques des objets acquièrent une valeur intérieure qui résonne dans l’âme. Pourtant, l’effet produit reste superficiel à ce stade.

Par exemple, des couleurs claires ou chaudes peuvent attirer l’œil et provoquer des sensations telles que l’irritation. Le jaune citron, par exemple, peut « blesser l’œil » car il n’est pas toléré, tandis que le vert ou le bleu soulagent cette excitation.

2 – La résonance intérieur

Le second effet survient lorsque le développement de l’homme est plus complet, et les sensations physiques précédentes entraînent une émotion de l’âme. Les couleurs deviennent alors un moyen par lequel l’homme est touché.

On peut se demander si le ressenti des couleurs est lié à des associations. Par exemple, le rouge évoque la chaleur parce qu’il est assimilé à la flamme ou au feu.

La chromothérapie est une réponse possible, réfutant cette idée d’association qui affirme que les couleurs agissent sur le corps. Elle montre des effets thérapeutiques de la couleur, agissant de manière objective et non subjective. Par exemple, la lumière bleue peut provoquer une paralysie temporaire, tandis que la lumière rouge a un effet tonifiant et excitant sur le cœur.

La métaphore du piano

La couleur devient ainsi un moyen d’influencer directement l’âme, semblable à un piano où la couleur serait la touche, l’œil le marteau, et l’âme le piano. L’artiste serait la main qui joue avec les touches, faisant vibrer l’âme humaine.

L’art est un contraste de couleurs

Il faut commencer par travailler avec des couleurs isolées, qui serviront de base pour créer des compositions harmonieuses. Ensuite, afin de donner des effets intéressants, il faut créer des contrastes qui rentre en vibration avec l’intérieur.

Par exemple, dans une peinture religieuse, la Vierge vêtue de rouge avec un manteau bleu exprime peut-être la grâce céleste transmise à l’homme terrestre pour le recouvrir de divin.

Du spirituel dans l'art et dans les couleurs de la Vierge Marie
Raphaël, La Vierge au chardonneret, huile sur toile, 107 x 77, 1506
La tridimensionnalité n’est pas qu’une impression de volume

Pour atteindre l’abstraction, les artistes ont d’abord exclu la troisième dimension en maintenant l’image sur une surface sans modeler. Cependant, cela a limité les possibilités.

Dans l’art, il existe d’autres moyens de conserver la surface matérielle sans la fixer comme une surface plane pour créer des effets comme avancer ou reculer et tendre vers l’avant ou vers l’arrière.

Ces moyens sont :

L’épaisseur ou la minceur d’une ligne

La superposition de formes

L’utilisation de la couleur

En combinant la forme et la couleur de manière judicieuse, nous pouvons créer des compositions puissantes et riches.

VI. Le langage des formes et des couleurs

La peinture possède une grande similitude avec la musique. C’est en ce sens qu’elle pourra également atteindre la composition picturale pure.

Pour y parvenir, elle doit développer des moyens qui lui sont propres : la forme et la couleur.

La couleur en soi n’a pas de limite. C’est à l’esprit d’en fixer une en lui donnant une forme. Cependant, une telle représentation interne de la couleur, non limitée, est à la fois précise et imprécise.

– Imprécise : Elle ne dépend pas de la pensée et ne peut être définie comme chaude ou froide, par exemple.

– Précise : Il ne demeure que la résonance intérieure pure, dépouillée d’éléments fortuits qui nous pousseraient à penser au chaud et au froid.

La couleur est limitée par la forme

La couleur matérielle, comme celle utilisée en peinture, doit être définie subjectivement et délimitée nécessairement par les autres couleurs sur la toile, ce qui entraîne inévitablement une modification objective des caractéristiques subjectives. Ce rapport inévitable entre la forme et la couleur est ce qui crée l’harmonie objective.

La forme possède sa propre résonnance intérieure

Comme les couleurs, les formes géométriques ou abstraites possèdent leur propre résonnance intérieure.

Cependant, la direction de la forme, aussi appelée le mouvement, influe sur la résonnance intérieure.

La relation entre la forme et la couleur

Il existe un lien entre la forme et la couleur. Ces deux éléments interagissent entre eux.

Les propriétés similaires de la couleur et de la forme donnent des résonnances plus fortes.

Exemples :

Propriété aiguë : Jaune + triangle

– Propriété profonde ou ronde : Bleu + cercle

Néanmoins, les discordances entres les formes et les couleurs ne sont pas inharmonieuses. Ils sont une infinité d’autres possibilités d’harmonie.

La composition picturale

Dans la composition, la forme a deux rôles :

1 – La composition du tableau entier.

2 – La création des formes isolées, combinées différemment entre elles, qui se subordonnent à la composition de l’ensemble.

Dans certains cas, la forme isolée peut avoir dans un premier temps une sonorité atténuée, ne servant que de « matériaux de construction » à la grande forme à laquelle elle participe.

La force de la forme naturelle sur l’esprit

Toutes formes naturelles évoquent nécessairement quelque chose à notre psychique qui sont la résultante de trois éléments :

L’effet de la couleur de l’objet

L’effet de la forme de l’objet

L’effet propre, indépendamment de la forme et de la couleur

L’artiste doit ordonner ses trois facteurs selon le principe de nécessité intérieure. Il doit alors substituer ses formes naturelles en formes abstraites lorsque cela est nécessaire. Cependant, il ne faut pas se priver de formes naturelles, car elles ont pour certaines une très grande résonnance intérieure.

L’étude de l’action de la forme dessinée et de la couleur sur l’être humain

Dans cette partie, il s’agit d’établir de façon schématique l’action de la forme et de la couleur sur l’homme. C’est en quelque sorte la partie théorique du fonctionnement de la forme et de la couleur. C’est également la partie la plus importante du livre pour comprendre concrètement comment Kandinsky composait ses œuvres.

J’ai décidé de traiter cette partie à part. Retrouvez là dans cet article : La théorie des couleurs de Kandinsky

Comme rappel, je mets ici les tableaux schématiques qui récapitulent cette section.

Schématisation de l'action de la forme dessinée et de la couleur sur l'être humain premier tableau
Schématisation de l'action de la forme dessinée et de la couleur sur l'être humain
Schématisation de l'action de la forme dessinée et de la couleur sur l'être humain
Schématisation de l'action de la forme dessinée et de la couleur sur l'être humain
Schématisation de l'action de la forme dessinée et de la couleur sur l'être humain

VII. Théorie

Le véritable art ne doit pas faire récit ou provoquer une référence à l’extérieur

La relation entre ces formes et les couleurs est d’une importance capitale. La couleur joue un rôle crucial dans la recherche de l’abstraction, et sa relation avec la forme et les autres éléments de la composition peut donner toute la signification au tableau.

Les couleurs, les formes et les mouvements utilisés ne doivent pas provoquer d’effet extérieur ou faire récit. L’objectif est de créer un effet dont la signification extérieure nous échappe, mais qui résonne en nous comme une expérience pure et authentique.

Par exemple, un ciel rouge évoquera un coucher de soleil, et si un arbre de la même couleur est ajouté, il créera un lien causal entre les deux, contribuant ainsi à l’atmosphère générale de la peinture. Pour échapper à cette relation causale, il est possible d’intervenir sur la forme ou la couleur.

Cependant, toutes les combinaisons de couleurs et de formes ne sont pas toujours harmonieuses. Un arbre rouge peut évoquer en nous la spiritualité de l’automne, tandis qu’un cheval rouge peut sembler trop fantaisiste et donner l’impression d’une mauvaise représentation de conte de fées.

Dépasser les caractéristiques techniques extérieures pour accéder réellement à l’art

Les spectateurs ont tendance à chercher des liens externes dans une œuvre. Ils ne se connectent pas réellement avec elle. Comme dans une conversation où une mécanique physique permet au son de parvenir à nos oreilles, la peinture utilise des moyens externes pour communiquer avec nous. Cependant, l’essentiel n’est pas de comprendre la mécanique et la physique derrière cette communication, mais de découvrir la pensée de l’artiste, sa psychologie. Ainsi, il faut aborder la peinture avec la même logique.

Cultiver et développer une forme et une couleur émancipées de la nature

La mise en place d’une théorie de la peinture est complexe et peut entraîner des difficultés de compréhension pour les utilisateurs. Ils doivent ressentir profondément cette « grammaire » de la peinture pour mieux l’appréhender. Malgré les défis, il reste possible qu’une telle théorie soit développée avec succès à l’avenir. La peinture évolue vers une expression consciente des émotions intérieures à travers les formes et les couleurs.

Cependant, créer des œuvres totalement affranchies de la forme et de la couleur présente des défis, nécessitant une résonance intérieure plus profonde chez l’homme. La relation entre les formes et les couleurs est essentielle pour donner une signification au tableau. Les artistes doivent cultiver et adapter ces éléments pour atteindre l’abstraction. L’objectif est de créer des effets qui résonnent en nous de manière pure et authentique.

VIII. L’œuvre d’art et l’artiste

L’œuvre d’art possède une autonomie qui lui est propre, détachée de l’artiste. Elle contribue à l’ambiance spirituelle générale et peut même l’améliorer si elle résonne sincèrement avec l’intérieur de son créateur.

Ainsi, une œuvre ne peut être jugée mauvaise si l’artiste exprime véritablement sa résonance intérieure lors de sa création.

En ce sens, le choix des couleurs ne repose alors pas sur des sciences, mais doit être guidé par la nécessité intérieure. L’artiste a donc le devoir d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour transmettre cette résonance intérieure et atteindre le véritable but de l’art : élever et affiner l’âme humaine.

Conclusion

Kandinsky présente ses productions issues de ses recherches et théories développées dans ce livre. Elles sont également ses premières abstractions. Il empreinte un vocabulaire appartenant à la musique pour parler de ses compositions qu’il répartie en deux groupes principaux :

La composition mélodique : « Une composition simple, subordonnée à une forme simple apparaissant clairement. ».

– La composition symphonique : « Une composition complexe, constituée de plusieurs formes, elles-mêmes subordonnées à une forme principale, précise ou estompée. ».

Selon la source à l’origine de ces compositions symphoniques, Kandinsky a crée des genres :

Impression directe de la nature extérieure, exprimée sous forme graphique et picturale : genre impression.

Expressions, principalement inconscientes, issues des processus de caractère intérieur, donc impression de la nature intérieure : genre improvisation.

Expressions se formant lentement en l’artiste, et dont l’intentionnel, le conscient et la raison sont prépondérants à la création : genre composition.

Composition VII de Kandinsky
Composition VII, Kandinsky, huile sur toile, 200 x 300 cm, 1913

Et pour l’art, que faut-il retenir ?

Le spirituel dans l’art : se détacher des représentations matérielles

Kandinsky met l’accent sur l’importance de la spiritualité dans la création artistique. Il nous encourage à chercher des expressions artistiques qui vont au-delà de la simple représentation visuelle (matérielle/naturelle), pour atteindre des niveaux plus profonds d’émotion et de spiritualité.

L’art n’est pas seulement une reproduction de la réalité, mais aussi un moyen d’explorer et de communiquer des idées et des émotions intérieures.

La composition : les relations entre couleur et forme

Une bonne partie du livre explore les interactions entre la couleur et la forme, et comment celles-ci peuvent évoquer différentes émotions et significations. On y retrouve une analyse détaillée des correspondances entre les couleurs et les sentiments, ou encore entre les formes géométriques et les mouvements de l’âme.

Cette approche aide à développer une sensibilité plus fine aux choix des couleurs et des formes lors de composition artistique.

L’importance de l’expérimentation

Même si je n’ai pas particulièrement développé cette partie dans le résumé, Kandinsky encourage l’expérimentation de nouvelles techniques, à ne pas reproduire ce qui a déjà été fait afin d’explorer son propre langage artistique.

Il souligne l’importance de la spontanéité et de la liberté créative dans le processus de création. Pour développer l’art de demain, il faut prendre des risques en sortant de sa zone de confort. L’exploration artistique est un moyen d’apprentissage et de progression.

Le style personnel

Une autre idée clé développée dans Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier et qui rejoint la partie précédente sur l’expérimentation, est que l’art est intrinsèquement lié à la vision subjective de l’artiste. Chaque artiste a une perception unique du monde et c’est cette vision personnelle qui se reflète dans son travail.

Il est primordial de cultiver sa propre voie artistique, de développer sa sensibilité personnelle et de s’exprimer de manière authentique.

Conclusion du livre Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier

Avec Du Spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, Kandinsky nous offre une recherche sur le langage de la peinture afin de pouvoir exprimer pleinement nos émotions et de nous délivrer enfin des représentations matérielles. En couchant sur papier sa théorie et sa vision d’une essence de l’art au moyen de la couleur et de la forme, l’artiste nous propose l’un des essais sur la composition les plus complets de notre temps.

J’espère que vous avez apprécié ce résumé. N’oubliez pas d’aller voir l’article sur l’action de la forme et de la couleur que je n’ai pas développé au chapitre VI. Sinon vous risqueriez de passer à côté d’une bonne partie du livre.

Vous pouvez retrouver le livre Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier en cliquant ici.

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