Le petit livre des couleurs

Pour ma quatrième lecture, j’ai choisi de vous parler du petit livre des couleurs de Michèle Pastoureau et Dominique Simonnet. Comme son nom peut le laisser entendre, ce livre est très court, mais il est très riche en exemples et en informations concernant l’histoire de la symbolique des couleurs, des hommes du Paléolithique jusqu’à nos jours.

Cette lecture fait partie d’un défi que je me suis lancé, clique ici pour en savoir plus !

Couverture du petit livre des couleurs

Qui sont Michel Pastoureau et Dominique Simonnet ?

Michel Pastoureau

Michel Pastoureau, né en 1947 à Paris est un enseignant-chercheur et historien français. Il est spécialiste de la symbolique et de l’histoire culturelle des couleurs, des emblèmes, de l’héraldique et de l’histoire culturelle des animaux. Il est directeur d’études à l’École pratique des hautes études entre 1982 et 2016.

D’autres ouvrages de l’auteur :

Le Roi tué par un cochon. Une mort infâme aux origines des emblèmes de la France ?, 2015

Les Couleurs de nos souvenirs, 2010

Noir, histoire d’une couleur, 2008

L’ours: histoire d’un roi déchu, 2007

Bleu, histoire d’une couleur, 2000

Dominique Simonnet

Dominique Simonnet, né en 1953 à Lille, est un journaliste et écrivain français. En 1978, il rejoint l’hebdomadaire l’Express dont il devient rédacteur en chef jusqu’en 2007, moment où il décide de le quitter.
Depuis, il fait régulièrement des apparitions télévisées sur des chaînes d’information.

Ouvrages de l’auteur :

Les grands jours qui ont changé l’Amérique, avec Nicole Bacharan, 2021

First ladies, avec Nicole Bacharan, 2020

La défaite des femmes, 2016

Les Couleurs expliquées en images, avec M. Pastoureau, 2015

L’écologisme, 1994

Le petit livre des couleurs

La quatrième de couverture

“Ce n’est pas un hasard si nous voyons rouge, rions jaune, devenons vert de peur, bleu de colère ou blanc comme un linge. Les couleurs ne sont pas anodines. Elles véhiculent des tabous, des préjugés auxquels nous obéissons sans le savoir, elle possède des sens cachés qui influencent notre environnement, nos comportements, notre langage, notre imaginaire. Les couleurs ont une histoire mouvementée qui raconte l’évolution des mentalités.
L’art, la peinture, la décoration, l’architecture, la publicité, nos produits de consommation, nos vêtements, nos voitures, tout est régi par ce code non écrit. Apprenez à penser en couleurs et vous verrez la réalité autrement !”

Avants propos

Les couleurs sont liées à notre culture et influencent notre pensée. Les institutions utilisent souvent les couleurs à leur avantage, ce qui montre la symbolique des couleurs complexe. Le nombre de couleurs est un sujet de débat, mais pour Michel Pastoureaux, il y a seulement six couleurs. Le bleu, le rouge, le blanc, le jaune, le vert et le noir sont ces six couleurs. Les couleurs sont importantes car elles révèlent nos humeurs, goûts, désirs et envies. Elles nous donnent des informations sur le monde qui nous entoure grâce à leur symbolique.

Le bleu : la couleur qui ne fait pas de vague

Étudier les couleurs est un domaine complexe car ce que nous percevons n’est pas la couleur elle-même. En effet, notre appréciation des couleurs est influencée par leur environnement et par la manière dont nous les regardons. Par exemple, il y a quelques siècles, les couleurs des tableaux étaient perçues différemment avec une lampe à l’huile ou une bougie par rapport à un éclairage électrique d’aujourd’hui.

Le bleu est une couleur omniprésente dans notre quotidien en Europe, mais cela n’a pas toujours été le cas. Elle n’était pas visible dans les grottes préhistoriques ni dans l’Antiquité, où elle était considérée comme insignifiante. L’absence de bleu chez les Grecs et les Romains était liée à la difficulté de créer cette couleur, ce qui a influencé leur vocabulaire et leur culture. Par exemple, les yeux bleus étaient considérés comme malchanceux ou ridicules.

L’importance du bleu a évolué au fil du temps, notamment avec la religion catholique. Le ciel est devenu bleu pour refléter la lumière divine. Alors qu’avant il était rouge ou orangé. Cette nouvelle utilisation du bleu s’est répendue en Europe. Les pigments étaient alors créée avec de la guède, une plante utilisée pour produire du bleu.

Cette course au bleu a conduit à l’invention du bleu de Prusse et à l’exportation de l’indigo venus des Antilles. Le bas coût de production de l’indigo, récolté par des esclaves a permis de rendre le bleu accessible.

Le bleu est également devenu politique, en opposition au rouge communiste. Effectivement, il est maintenant utilisé par de nombreux organismes pour ses qualités morales. Nous le retrouvons comme couleur de l’Europe ou des Nations Unies par exemple. Aujourd’hui, le bleu est considéré comme une couleur discrète et raisonnable, omniprésente mais se fondant dans le paysage.

Le rouge : c’est le feu et le sang, l’amour et l’enfer

Le rouge est une couleur puissante et importante, pleine d’ambition et d’orgueil et qui ne passe pas inaperçue. Elle est souvent associée à la violence, la fureur, le crime et le péché.

Malgré sa relative rareté dans la nature, le rouge est devenu important dès le Néolithique. Les hommes ont commencé à l’utiliser en extrayant des terres ocres pour la créer. Au fil du temps, sa composition a évolué grâce à des pigments tels que l’oxyde de fer ou le sulfure de mercure. Les Grecs et les Romains appréciaient particulièrement le rouge et le portaient souvent dans leurs vêtements.

Le rouge a marqué l’histoire car il représente à la fois le feu et le sang. Pour les chrétiens, il symbolise le feu de l’enfer, la souillure et les impuretés, mais également le sang du Christ. Ainsi, le rouge a une signification à la fois positive et négative. Le rouge vif, en particulier, est un signe de puissance. Il est souvent utilisé dans les vêtements des ecclésiastiques et des personnes importantes, ainsi que sur les armoiries.

Après la Réforme protestante, le rouge est devenu immoral et a progressivement disparu des vêtements, même chez les religieux. Le bleu l’ alors remplacé.

Au XVIIIe siècle, le rouge est devenu un symbole de danger et était utilisé pour signaler les situations dangereuses. Aujourd’hui, il a gardé cette signification, c’est la couleur utilisée par la Croix Rouge, les sens interdits et les feux de circulation.

Il est également devenu l’emblème de la Révolution, symbolisant le sang des martyrs morts pour la cause. I est d’ailleurs repris par les mouvements et partis politiques révolutionnaires comme le communisme.

Aujourd’hui, le rouge est toujours chargé de symbolisme, associé parfois au luxe et au glamour. Il suffit de voir la couleur des sièges des opéras, des cinémas et des théâtres. C’est également une couleur qui évoque la colère et la violence, comme l’expression « voir rouge » le suggère. Le rouge est également associé à l’érotisme et à la passion.

En somme, le rouge est une couleur qui a une longue histoire et une signification riche dans notre société.

Le blanc : partout il est dit la pureté et l’innocence

Le blanc est souvent au cœur d’un débat : est-il une couleur ou non ? Dans le passé, nos ancêtres considéraient le blanc comme une couleur, utilisée pour les enluminures au Moyen- ge ou pour colorer les dessins des grottes du paléolithique. Les anciens considéraient même le blanc comme l’une des trois couleurs de base. Cependant, l’imprimerie a défini le blanc comme étant le degré zéro de la couleur, une absence de couleur.

Aujourd’hui, les scientifiques ont tranché en faveur du fait que le blanc est bel et bien une couleur à part entière. Dans la culture occidentale, le blanc est souvent associé à l’absence ou au manque. Regardez, on parle souvent de la page blanche, la nuit blanche ou une balle à blanc. Cependant, dans de nombreuses cultures à travers le monde, le blanc est associé à la pureté. Cette association est probablement due à l’homogénéité presque parfaite que le blanc offre, lui donnant une apparence immaculée, plus que toutes les autres couleurs.

Au fil des siècles, le blanc a été associé à de nombreux symboles, notamment la pureté, la propreté, la transcendance, la maturité et la sagesse. Dans certaines cultures ou époques, le blanc était même un signe de distinction sociale. Par exemple, avoir une peau blanche était considéré comme un signe de richesse ou de supériorité.

Le blanc est également associé à des moments historiques tels que la guerre, où il s’opposait au rouge. C’était alors la couleur des drapeaux brandis pour demander l’arrêt des hostilités. De même, dans les représentations artistiques, le blanc est souvent utilisé pour représenter la lumière divine ou les esprits.

Enfin, le symbolisme du blanc est probablement l’un des plus constants dans l’histoire, contrairement aux autres couleurs dont la signification peut changer au fil du temps.

Le vert : celui qui cache bien son jeu

Le vert est une couleur qui a une signification complexe et changeante dans la société. Souvent considéré comme une couleur moyenne et paisible. Il est également considéré comme instable, peut-être du à difficulté de le stabiliser. Ses pigments, issus du vert des plantes, se dégradent par oxydation à la lumière.

Le vert est une couleur qui symbolise à la fois la chance et l’infortune mais aussi l’amour infidèle et l’immaturité.

Historiquement, le vert était la couleur des amoureux au Moyen Âge, symbolisant le caractère changeant des amours de jeunesse. Aujourd’hui, le vert est utilisé par les entreprises comme couleur de prise de décision. Il est également depuis peu dans son histoire, associé à l’écologie. Cependant, le vert est également la couleur d’éléments négatifs tels que les serpents, les démons. De même, certains disent même que Molière est mort sur scène alors qu’il portait du vert.

La signification du vert est également influencée par les théories des couleurs primaires et secondaires développées par les chimistes au 19e siècle. Cette théorie a influencé les artistes de cette période, qui ont utilisé les couleurs de manière plus arbitraire. Par exemple Mondrian utilisait que des couleurs primaires et évitait les couleurs secondaires. Aujourd’hui, cette théorie est considérée comme arbitraire et ne tient pas compte de l’histoire des symboles et des valeurs associées aux couleurs.

Dans l’ensemble, le vert est une couleur qui a une signification complexe et changeante dans la société. Bien qu’il soit souvent associé à la chance et à la nature, il est également lié à des éléments négatifs et à des instabilités dans la société.

Le jaune : tous les attributs de l’infamie

Le jaune est une couleur qui est bien représentée dans les sociétés orientales et asiatiques, symbolisant la richesse et le pouvoir. Cependant, dans la société occidentale, le jaune n’est pas très mis en avant. Au Moyen Âge, le jaune perd de sa superbe en raison de la concurrence déloyale de l’or. Tout ce qui était auparavant associé au jaune – l’or, le soleil, la lumière ou la chaleur – est remplacé par le doré. Le jaune perd sa brillance et devient une couleur plutôt terne, associée à la vie qui passe, la tristesse, la maladie, l’automne et le déclin. Sa symbolique se renforce en incarnant la tromperie et la trahison.

La raison pour laquelle le jaune devient la couleur de la tromperie reste inconnue, mais partout en Europe cette couleur se charge de symbolique. Les traîtres sont habillés en jaune, de Judas jusqu’à l’étoile jaune portée par les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Il faudra attendre le 20e siècle pour que le jaune soit réhabilité. Il deviendra l’une des trois couleurs primaires avec le bleu et le rouge. En France, le jaune devient alors identifiable pour certaines associations ou entreprises, telles que La Poste ou les engins de travaux.

De nos jours, le jaune est en train de se réhabiliter. Il est présent dans le sport avec le maillot jaune en cyclisme, mais aussi dans les vêtements de sport en général. Il n’est également plus en concurrence avec le doré. Les enfants l’utilisent pour dessiner le soleil ou l’énergie. Le jaune est la couleur de la vitamine C ou de la vigueur.

Le noir : du deuil à l’élégance

Le noir est souvent questionné en tant que couleur, tout comme le blanc. Il peut avoir des connotations négatives, telles que les peurs enfantines, la mort et le deuil, mais aussi des aspects positifs, tels que la tempérance, l’humilité et l’austérité. Il est associé à la terre et aux enfers, ainsi qu’à la Réforme qui a fait avancer la vision que l’on a des vêtements noirs et du noir en lui-même.

L’élégance que l’on doit à la couleur noire vient directement de la Renaissance, mais avec la démocratisation du noir et les bas coûts de production d’aujourd’hui, cette couleur perd un peu de sa magie et de sa force symbolique.

Dans les sociétés occidentales, le noir est la couleur que l’on porte pour le deuil, car il provient directement de la religion qui a toujours vu la mort liée au sombre. En revanche, dans les traditions asiatiques, le deuil se porte en blanc, car le corps retourne tel un spectre de lumière vers l’au-delà.

Le noir est souvent associé au blanc, mais ce n’a pas toujours été le cas. Le jeu d’échecs, lorsqu’il a été créé en Inde au 6ème siècle, avait des pions rouges et noirs. Puis, lorsqu’il est arrivé en Europe, les pièces sont devenues noires et blanches, sombres contre claires.

Le noir contesté

La contestation du noir comme couleur provient simplement du fait qu’il est vu comme l’opposé du blanc, en tant qu’absence de couleur. Cependant, il est tout à fait possible de décrire le monde au moyen de couleurs et de duos différents, tels que le noir et le jaune.

Le noir est également associé au sérieux, tel que dans le domaine de l’éducation, où certains préfèrent travailler en noir et blanc pour ne pas être distraits par les couleurs. Cette idée se retrouve également dans le cinéma, où les films auraient pu être tournés en couleur il y a bien longtemps, mais leur sortie a été retardée car certains trouvaient cela indécent.

Les demi-couleurs : gris pluie, rose bonbon

Les couleurs peuvent être considérées comme un ensemble de symboles et de conventions. Les six couleurs de base, à savoir le bleu, le rouge, le blanc, le vert, le jaune et le noir, sont à l’origine de toutes les autres couleurs. Il existe également des demi-couleurs comme le rose, le marron, l’orange, le violet et le gris, qui sont des variations des couleurs de base et qui représentent quelque chose dans la nature.

En combinant les six couleurs de base avec les cinq demi-couleurs, on obtient un total de onze couleurs de base. Les autres couleurs ne sont que des nuances ou des combinaisons de nuances que nous inventons en associant des termes de couleur ou en créant des mots, comme le gris-bleu ou le rose orangé. Ces nuances n’ont pas de signification symbolique, mais sont purement esthétiques.

Pour conclure ce petit livre des couleurs

Le livre Le petit livre des couleurs explore l’histoire, la signification et l’importance des couleurs dans notre culture et notre vie quotidienne.

Les couleurs reflètent les évolutions sociales, idéologiques et religieuses, ainsi que les avancées techniques et scientifiques, qui influencent les goûts et les perceptions symboliques.

Couleur rouge symbolisme de la violence
Ici, l’aspect violent provient des éclaboussures et de la couleur rouge.

Et pour l’art, que faut-il retenir du petit livre des couleurs ?

Le petit livre des couleurs est un livre très accessible. Il est court, bien structuré et concis tout en ne gardant que l’essentiel. Il aborde de manière claire les couleur et leurs symboliques et nous montre les influences qu’elles ont dans nos sociétés et cultures.

C’est un très bon livre qui peut avoir un intérêt pour donner du sens aux couleurs que vous utiliserez dans vos productions personnelles.

Six couleurs de bases et cinq demi-couleurs

Il y a seulement six couleurs principales : le bleu, le rouge, le blanc, le jaune, le vert et le noir.

Les autres couleurs ne sont que des nuances infinies de ces couleurs principales. Elles existent parce que notre cerveau nous joue des tours.

Le blanc et le noir… sont des couleurs

Le blanc et le noir sont des couleurs comme les autres en art. Ce qui les n’empêche pas d’être également des valeurs. La confusion vient de la physique, où le blanc est constitué de l’ensemble des couleurs du spectre chromatique et le noir est l’absence de lumière. Cette idée a aussi été renforcée par la photographie et le cinéma en noir et blanc, qui s’est vu s’opposer à la couleur.

Les couleurs sont chargées de symbolique

C’est probablement le centre du livre : les couleurs sont chargées de symbolique. Autrement dit, en plus de leur valeur esthétique, elles ont un pouvoir d’évocation complexe, renvoyant à des codes sociaux culturels.

L’importance des couleurs est historique et culturelle

L’utilisation des couleurs dans l’histoire a été influencée par les institutions de différentes époques mais aussi par les procédés d’acquisition de ces couleurs.

Par exemple l’étude du bleu nous montre comment cette couleur est devenue omniprésente dans notre culture occidentale, notamment grâce à la religion catholique et aux retombés économiques qu’elle engendrait.

Il est donc important de bien prendre en compte le contexte historique et culturel des couleurs afin d’éviter toutes mauvaises interprétations. Une couleur peut avoir une certaines signification pour nous Français mais en avoir une complétement différente pour un vietnamien, un sénégalais ou un péruvien.

Identifier les couleurs pour comprendre le sens de certaines œuvres.

Les artistes utilisent les couleurs et leur symbolique. Il est donc important d’en connaître la signification afin de mieux comprendre le message que veut faire passer une œuvre.

Faites alors attention à l’origine et la date de création de l’œuvre. Comme vous avez pu le voir, la symbolique de couleurs est culturelle et a beaucoup changé dans le temps.

j’espère que ce résumé vous aura plu. Partagez dans les commentaires vos ressentis sur les couleurs et ce que vous en pensez ! 😉

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