Comprendre les différents plans de l’image

Qu’est-ce que les plans de l’image ?

Avez-vous déjà entendu parler des plans de l’image ? Eh bien ce sont des éléments fondamentaux dans les œuvres visuelles. Ils permettent de suggérer la profondeur et l’organisation spatiale à l’intérieur d’une œuvre bidimensionnelle, qu’il s’agisse de peinture, de dessin ou de photographie.

Pour vous expliquer cela simplement, les plans sont des lignes horizontales imaginaires qui divisent l’espace interne de l’œuvre et où chaque élément, en fonction de sa position, s’aligne sur un plan spécifique. Cette notion est cruciale pour comprendre comment une œuvre peut donner une impression de volume et d’espace tout en restant dans un format plat.

Le plan de l’image fait aussi référence à une surface verticale imaginaire utilisée en perspective. En art figuratif, cette surface permet de structurer l’espace visuel et de donner l’illusion de profondeur en plaçant les objets et les personnages à différentes distances les uns des autres.

L’impression de profondeur des différents plans de l’image est renforcée par la perspective aérienne. J’ai écrit un article sur ce type de perspective. Lisez L’article sur la perspective aérienne pour compléter vos connaissance sur le sujet !

Voici 7 plans qui une fois superposés, recomposent les lignes d’un tableau célèbre de Manet : Le Déjeuner sur l’herbe.

La caméra multiplans de Disney

Pour vous illustrer le concept de plans et leurs rôles dans le rendu de profondeur, je vous invite à regarder cette petite vidéo de la Multiplane Camera des studios Disney.

Afin d’obtenir un rendu plus réaliste lors des animations, les studios Disney ont séparé les différents plans d’une même image pour les superposer les uns par dessus les autres sur des supports indépendants.

Les différents types de plans de l’image

Dans une œuvre visuelle, on distingue plusieurs types de plans qui se superposent pour créer cette impression de profondeur. On retrouve alors :

1. Le premier plan

Le premier plan est la partie de l’image la plus proche de l’observateur. C’est souvent là que se situe l’action principale ou les éléments les plus importants de l’œuvre. Mais pas toujours ! Parfois l’action se déroule sur des plans intermédiaires, au milieu quoi ! Le premier plan sert souvent à capturer immédiatement l’attention du spectateur ou alors à donner un contexte, comme un décor ou un paysage qui définit le cadre de la scène. Il peut être particulièrement détaillé ou contrasté afin de diriger le regard vers un point précis.

2. Le second plan

Juste derrière le premier plan, on trouve le second plan. Comme pour le premier plan, il peut contenir l’action principale de l’œuvre ou du moins une partie. Ce plan aide à faire le lien entre l’avant et l’arrière de l’œuvre, créant ainsi une continuité dans la perception de l’espace.

3. Troisième, quatrième, cinquième plans, etc.

Plus on avance dans les plans successifs, plus les détails s’effacent et les éléments deviennent flous. Ces plans sont utilisés pour créer de la profondeur, éloignant progressivement les objets de l’observateur. Ils servent également à établir un rapport de distance entre les différents éléments, souvent en simplifiant les détails pour marquer cette différence de profondeur.

4. L’arrière-plan

L’arrière-plan est souvent considéré comme un simple décor, mais il joue un rôle essentiel dans l’œuvre. Bien qu’il soit plus discret que les autres plans, il apporte souvent, avec les plans intermédiaires les plus éloignés, des informations contextuelles cruciales. L’arrière-plan peut servir à introduire des éléments narratifs ou symboliques qui ne se révèlent qu’à une observation attentive. Par exemple, dans de nombreux portraits de la Renaissance, on retrouve souvent une fenêtre ouverte sur un paysage en arrière-plan, un élément qui peut symboliser l’ouverture d’esprit, la liberté ou d’autres concepts philosophiques propres à l’œuvre.

À quoi servent les plans de l’image ?

Les différents plans de l’image jouent un rôle clé dans la composition et l’organisation d’une œuvre. Ils permettent de hiérarchiser l’espace visuel, offrant ainsi plusieurs niveaux de lecture au spectateur. L’interaction entre les plans peut renforcer le message de l’œuvre. Une action dans le premier plan peut avoir un écho ou une correspondance dans un plan plus reculé, ce qui renforce la complexité de la scène.

De plus, la disposition des plans peut influencer la perception de l’importance des différents éléments. En général, plus un élément est placé à l’avant, plus il est considéré comme central à la compréhension de l’œuvre. À l’inverse, les éléments en arrière-plan, bien que souvent discrets, peuvent contenir des détails importants qui participent à la narration visuelle ou à la symbolique de l’œuvre.

Anecdotes sur l’arrière plan

Comme je l’ai mentionné plus tôt, l’arrière-plan ne sert pas seulement à apporter des éléments symboliques à une œuvre. Il faut aussi comprendre que, selon les époques et les sociétés, la peinture était soumise à des règles et à des normes très strictes. Les artistes ne pouvaient pas simplement peindre ce qu’ils voulaient. Pourtant, ils trouvaient souvent des moyens subtils de contourner ces contraintes, et certaines parties de l’œuvre leur offraient plus de liberté. L’arrière-plan, justement, faisait souvent partie de ces espaces plus souples.

C’est ainsi qu’on voit de nombreux artistes intégrer des paysages ou des environnements extérieurs dans leurs portraits, visibles à travers de petites fenêtres en arrière-plan. Cela leur permettait d’introduire une dimension supplémentaire, un univers au-delà du sujet principal. D’ailleurs, l’espace extérieur prendra de plus en plus de place au fil des siècles, montrant que les artistes portent un intérêt grandissant à cet espace de liberté.

Certains artistes allaient même plus loin en jouant avec les détails, utilisant l’arrière-plan pour manipuler les perspectives ou se représenter eux-mêmes, cachés dans leur propre œuvre. C’était une manière subtile de se libérer des conventions et de questionner la peinture en tant qu’espace de représentation bidimensionnel.

Jan Van Eyck, Les Amants Arnolfini. Huile sur bois, 82,2 x 60 cm. 1434

Le miroir permet ici de représenter l’intégralité de la pièce, jouant sur ce qui est normalement en hors-champs.

Pourquoi identifier les différents plans dans l’analyse d’œuvre ?

L’identification des différents plans dans une œuvre d’art est un outil précieux pour l’analyse. En comprenant la structure des plans, il devient plus facile de se repérer dans l’espace figuré de l’œuvre et d’en décrypter les messages. Repérer les différents plans permet également de mieux comprendre la manière dont l’artiste guide le regard du spectateur et organise les informations visuelles.

Ainsi, l’analyse des plans aide à distinguer les éléments essentiels des détails plus subtils. En fonction de leur position dans l’espace, certaines actions ou personnages peuvent prendre plus ou moins d’importance, ce qui enrichit la lecture de l’œuvre.

Comment identifier et utiliser les différents plans de l’image ?

L’identification des plans demande une observation attentive. Parfois des éléments très proches ne font parties du même plan. Comme je l’ai expliqué, chaque plan regroupe les éléments situés sur la même ligne horizontale dans l’espace de l’image. Voici quelques pistes pour reconnaître et utiliser les plans dans vos propres œuvres ou dans l’analyse :

Le premier plan est souvent plus contrasté, plus net et contient les éléments majeurs de la composition. Il peut également inclure des objets qui orientent le regard du spectateur, comme des lignes directrices ou des éléments graphiques particulièrement marqués.
Les plans intermédiaires (second, troisième, etc.) se caractérisent par une diminution progressive des détails et des contrastes. Ils servent souvent de transition entre le premier plan et l’arrière-plan.
L’arrière-plan, bien que plus flou, est un terrain riche pour des détails symboliques ou narratifs. Ne négligez pas les éléments qui s’y trouvent : ils peuvent renfermer des indices cruciaux pour la compréhension de l’œuvre.

Cependant, ce que je vous dis ici n’est pas toujours vrai. L’art aime souvent jouer avec ses propres codes. Un arrière-plan peut parfaitement contenir l’action principale, tandis qu’un premier plan peut être volontairement flou ou peu détaillé. Tout dépend de l’intention de l’artiste et de la manière dont il souhaite guider votre regard ou vous surprendre.

Exemple d’œuvre avec des plans

Edouard Manet, Le Déjeuner dans l’herbe. Huile sur toile, 207 x 265 cm. 1863, Musée d’Orsay, France

Il ne s’agit pas ici de faire une analyse complète de l’œuvre, mais simplement de vous illustrer comment se compose l’image à travers ses différents plans.

Prenons « Le Déjeuner sur l’herbe » de Manet comme exemple.

Dans cette toile, le premier plan introduit la scène en plantant le décor. On y trouve un arbre qui aide à cadrer la composition. En bas à gauche, on remarque la panière de pique-nique ainsi que les vêtements abandonnés par la femme qui apparaît dans le second plan.

Le second plan met en scène les personnages principaux : une femme nue, assise dans l’herbe, en compagnie de deux hommes vêtus. Ce plan concentre l’attention sur l’interaction des personnages.

Les troisième et quatrième plans se situent plus en arrière, avec des arbres et un espace vert dégagé. Ces plans sont moins détaillés, créant une transition vers l’arrière de l’image.

Dans le cinquième plan, on aperçoit une femme qui se baigne dans une rivière, accompagnée d’une barque. Si vous observez attentivement, vous remarquerez une anomalie de proportion : la barque et la femme semblent être à la même hauteur, pourtant la barque devrait être plus grande ou la femme plus petite.

Le sixième plan est constitué d’arbres juste derrière la femme dans l’eau, créant un léger effet de profondeur.

Enfin, le septième plan est un flou progressif vers le lointain, qui ouvre la scène sur une échappée vers l’extérieur de la forêt. Cela donne à l’œuvre une impression de profondeur et d’espace qui semble s’étendre au-delà des personnages.

Ce qu’il faut retenir des plans de l’image

Les plans de l’image sont des divisions imaginaires qui permettent de structurer l’espace et de suggérer la profondeur dans les œuvres bidimensionnelles comme la peinture, le dessin et la photographie. Ils jouent un rôle clé dans la perception de l’espace.

Le premier plan attire immédiatement l’attention du spectateur. Souvent plus détaillé et contrasté, il peut introduire l’action principale ou fournir un contexte visuel qui aide à comprendre la scène.

Les plans intermédiaires (second, troisième, etc.) servent de transition entre le premier plan et l’arrière-plan. Ils s’effacent progressivement pour renforcer l’illusion de profondeur et éloigner les objets visuellement.

L’arrière-plan, bien que plus discret, est souvent porteur d’informations symboliques ou narratives importantes. Il peut contenir des détails qui, à première vue, semblent secondaires mais qui jouent un rôle crucial dans l’interprétation de l’œuvre.

L’organisation des plans permet de hiérarchiser l’espace et de guider le regard du spectateur. L’interaction entre les différents plans enrichit souvent la lecture de l’œuvre, créant plusieurs niveaux de signification.

Enfin, identifier les différents plans est une compétence essentielle dans l’analyse d’une œuvre d’art. Cela vous aide à mieux comprendre comment l’artiste manipule l’espace et les éléments pour renforcer son message ou surprendre le spectateur.

Maîtriser les plans de l’image est donc essentiel, que ce soit pour composer une œuvre ou pour en analyser une. Ils vous permettent non seulement de donner une impression de profondeur, mais aussi de guider l’œil du spectateur à travers l’espace de l’œuvre, en jouant sur la hiérarchie des éléments visuels et leur importance narrative. L’observation attentive des différents plans enrichira à coup sûr votre approche de l’art.