Il nous est tous arrivé d’avoir une envie soudaine de dessiner et de prendre le premier crayon à papier qui nous est passé sous la main. Je suis certain que vous l’avez déjà fait, tout comme moi, et peut-être même que vous continuez de le faire (je le fais toujours). Cela n’a rien de grave en soi. Nous avons tous en nous ce désir profond de créer et nous cherchons simplement à l’assouvir en laissant notre main se promener sur la feuille pour voir le geste se matérialiser grâce à notre outil : le crayon.
Si le dessin vous intéresse, je vous conseille l’excellent livre Le Plaisir au dessin de Jean-Luc Nancy. J’ai même réalisé un résumé de ce livre que vous pouvez trouver juste ici !
Cependant, prendre le premier crayon à papier venu (vous savez, celui qui ne mesure que 10 centimètres et qui traîne au fond du tiroir du bureau) n’est pas toujours la meilleure option. Bien que cela puisse suffire pour griffonner un petit dessin dans le coin d’une feuille, si vous souhaitez réaliser une véritable œuvre, il est nécessaire de réfléchir aux crayons que vous utiliserez.
D’où vient le crayon à papier
Les premiers « crayons » remontent à l’Antiquité, lorsque les Grecs et les Romains utilisaient des tiges de métal ou de bois pour écrire sur des tablettes de cire. Cependant, depuis cette époque, le crayon a beaucoup évolué.
Dans ce dispositif primitif, le support et l’outil avaient des rôles différents, la tige venant graver le support par retrait de matière. Ainsi, l’outil laissait une trace du geste, mais ne déposait pas de matière. L’argile était alors à la fois le support et la matière. En revanche, avec l’utilisation du crayon à papier, l’outil dépose de la matière sur un support, témoignant ainsi du geste de l’utilisateur.
Il est intéressant de noter que l’origine du mot crayon provient du dispositif inventé par les Grecs et les Romains, venant du latin creta et signifiant argile blanche.
Les premiers crayons modernes ont été créés en Angleterre entre le XVIe et le XVIIe siècle, à la suite de la découverte d’un gisement de graphite extrêmement pur. Cependant, ces premiers crayons étaient très fragiles et ne pouvaient rivaliser avec la qualité des crayons d’aujourd’hui.
Il a fallu attendre le XIXe siècle et l’invention de la machine à papier pour voir apparaître des crayons plus solides et plus faciles à tailler. Les crayons que nous connaissons aujourd’hui sont souvent composés d’une mine de graphite mélangée à de l’argile et insérée dans un corps en bois.
La composition des crayons à papier
Les crayons à papier modernes sont fabriqués en pressant une mine de graphite mélangée à de l’argile dans un corps en bois. Cette composition est due au travail du chimiste français Nicolas-Jacques Conté. La proportion d’argile dans le mélange détermine la dureté du crayon, tandis que la quantité de graphite détermine la densité de la marque. En d’autres termes, plus il y a d’argile, plus le crayon est dur, et plus il y a de graphite, plus le trait est foncé.
Il arrive que les crayons à papier soient également recouverts de cire ou de vernis pour les protéger contre l’humidité et l’usure.
Je vous conseille cet article très sympa du média Slate sur l’une des dernières fabriques de crayon de papier aux Etats-Unis.
Différents types de crayons
Jusqu’à présent je vous ai parlé du crayon à papier, surement le crayon le plus utilisé et celui que vous connaissez le mieux. Mais il existe plusieurs types de crayons pour dessiner et chacun ont des caractéristiques uniques qui leurs sont propres. Laissez moi vous présenter les principaux :
Le graphite
Ah, le graphite ! C’est tout simplement le nom que l’on donne à la mine des crayons à papier. Vous pourriez me dire qu’il existe plusieurs autres noms pour ce même outil : crayon à papier, crayon de papier, crayon de bois, crayon mine, et maintenant crayon graphite… Toutefois, c’est simplement son nom, qui provient de la composition de sa mine, comme pour la plupart des crayons que je vais vous présenter.
Désormais que vous connaissez son véritable nom, je n’utiliserai plus que celui-ci. 😉
La mine de plomb
Il s’agit d’un autre type de crayon que vous avez peut-être déjà aperçu, caractérisé par une fine enveloppe externe transparente. La mine constitue la quasi-totalité du crayon.
Son nom vient de la composition de sa mine, qui est souvent à base de plomb ou l’argent ainsi que d’autres alliages.
Le principal avantage de la mine de plomb réside dans l’épaisseur de celle-ci, qui permet de réaliser de plus grands aplats et de couvrir rapidement une plus grande surface du support.
La pierre noire
La pierre noire est un médium sombre et mat fabriqué à partir d’ampélite, qui est largement utilisé pour ses qualités graphiques.
Comme le crayon graphite, la pierre noire est souvent recouverte de bois, mais elle peut également se présenter sous forme de bâtonnets ou de carrés.
Bien qu’elle ressemble beaucoup au fusain, elle est moins volatile et peut avoir des degrés de dureté variables.
Le fusain
Le fusain est sans doute le médium le plus populaire pour dessiner. Il est fabriqué à partir de branches de saule carbonisées, d’où son nom.
Le fusain ne possède pas de dureté, du moins pas directement sous sa forme de bâton. Lorsqu’il est compressé et mélangé avec d’autres matériaux, puis enveloppé dans une couche de « bois » pour former un crayon, il devient légèrement plus doux.
Le fusain est extrêmement volatile et laisse une fine poudre sur le support après son passage. Sa couleur noire est profonde, mais elle peut également être très légère si vous retirez la première couche volatile. C’est ce qui fait que le fusain est un excellent médium pour réaliser des croquis ou des dessins de préparation avant une peinture.
La classification des mines
Vous avez probablement déjà remarqué les chiffres et les lettres qui apparaissent sur vos crayons. Ce sont des indicateurs pour différencier les différentes duretés des mines.
Ces informations permettent de classer les crayons :
- H pour Hard (dur en français)
- B pour Black (noir en français)
- HB pour Hard Black (dur et noir en français)
–Les crayons Hard comportent plus d’argile, ils sont plutôt secs et laissent une trace nette sur le support.
–Les crayons Black ont une composition plus élevée en graphite, ils sont plus gras et laissent une trace moins précise sur le support mais possèdent des valeurs bien plus foncées que les H.
–Vous l’aurez sûrement déduit, mais les crayons HB sont le juste milieu entre les crayons Hard et les crayons Black.
Les chiffres qui suivent ou précèdent les lettres sont des indications d’intensité :
–Pour un crayon H, plus le chiffre est grand, plus le trait sera clair car la mine comportera plus d’argile.
–Pour le crayon B, plus le chiffre est grand, plus la trace sera foncée car la mine comportera plus de graphite. Il faut noter que les traces laissées par ce type de mines sont difficiles à gommer. Je vous conseille d’investir dans des gommes adaptées ou de bien connaître votre médium.
Il est possible de classer les mines de cette façon, du plus doux (9B) au plus dur (9H).
Les utilisations des crayons
Chaque crayon possède des spécificités qui lui sont propres et qui peuvent mieux convenir à ce que vous souhaitez réaliser. Même si l’article s’intéresse principalement au graphites, je voulais vous présenter les autres crayons de « valeur » (nuances de gris, allant du noir au blanc).
Les crayons graphites sont sans doute les outils les plus polyvalents, adaptés à de nombreuses disciplines artistiques, et faciles à trouver près de chez vous. Les crayons gras (ou doux) sont idéaux pour les dessins de grande envergure, tels que les portraits, les paysages et les natures mortes, grâce à leur grande facilité d’estompage et de traçage.
Ceux de plomb sont souvent utilisés pour les croquis, les esquisses et les dessins techniques en raison de leur capacité à créer des lignes précises et nettes. Cependant, ils peuvent se rapprocher des graphites et se montrer plus judicieux pour produire de grands formats.
Le fusain est idéal pour réaliser des croquis ou des dessins préparatoires grâce à son noir profond et sa légèreté. Cependant, il est très volatile et laisse des traces de poudre sur le support ce qui est à la fois une qualité et un défaut.
La pierre noire, quant à elle, est un médium sombre et mat très utilisé pour sa valeur assez foncée. Elle est idéale pour les dessins avec des détails plus précis grâce à sa dureté variable et sa capacité à créer des lignes nettes. Il est possible de l’utiliser avec de la gouache blanche pour faire des rehauts.
Quels marques de crayon graphite acheter ?
Sur ce point, je ne peux pas vraiment vous conseiller de marques précises, si ce n’est d’éviter les crayons à base de cire que l’on trouve en grande surface.
Le choix du matériel dépend de votre budget, mais il est possible de faire de l’art avec ce que vous trouvez. Dans un premier temps, le plus important est de pratiquer et de prendre plaisir à le faire. Lorsque vous aurez acquis de l’expérience, vous pourrez investir dans du matériel de meilleure qualité. Vos travaux gagneront en intensité et en force.
Pour savoir quels crayons de qualités supérieurs acheter vous pouvez vous rendre en magasin spécialisé ou sur des sites comme le Géant des Beaux-Arts ou Rougier&plé. Ils proposent une grande variété de produits de qualité « artiste » ou « beaux-arts ». Le mieux est d’essayer plusieurs crayons, de marques et gammes différentes pour vous faire votre propre avis.
Il est également important de prendre soin de votre matériel. Un crayon qui tombe par terre peut se casser à l’intérieur, ce qui rend la mine inutilisable. Rangez également vos crayons dans un endroit sec, car le bois et les mines n’aiment pas l’humidité.
Quels types de crayons graphites dois-je avoir ?
Bon, si vous deviez en choisir qu’un ou du moins pas tout le magasin, je vous conseillerai de vous équiper de :
- Un HB : Polyvalent. Il fera le travail dans la plupart des situations.
- Un 2H : Assez sec, il permettra de réaliser des lignes claires et légères. Idéal pour les esquisses et les lignes de constructions.
- Un 4B : Assez foncé et gras pour créer des contrastes intéressants et étaler le graphite à l’aide du doigt ou d’un tissu.
Conclusion : Identifier ce que vous souhaitez réaliser
Le choix de votre crayon dépendra principalement de ce que vous souhaitez réaliser.
Pensez à adapter votre choix de crayon en fonction de ce que vous êtes en train de dessiner ou de votre intention. Par exemple, un même dessin peut demander l’utilisation de plusieurs types de crayons pour créer des variations de textures et d’intensité.
Réfléchissez bien à ce que vous voulez faire et aux caractéristiques des différents médiums. Par exemple, un graphite H permettra de laisser un trait net et léger sur le support, tandis qu’une pierre noire sera plus intense mais les deux ne pourront s’estomper comme le fusain ou un graphite B.
C’est quelque chose que l’on ne fait pas toujours lorsque l’on débute. Je vous assure que si vous le faites, vous verrez que vos réalisations s’amélioreront. N’hésitez pas à expérimenter avec différents types de crayons pour découvrir de nouveaux effets et améliorer votre pratique du dessin.
La meilleure solution est de varier vos expériences en essayant le plus d’outils différents possible. Apprenez à vous servir des caractéristiques et des spécificités de chaque médium afin d’en découvrir les avantages et les limites. Essayez également de changer de support de temps en temps pour découvrir de nouveaux effets.
Amusez-vous !
Dites-moi dans les commentaires quel type de crayon vous utilisez et pourquoi. Je suis curieux de connaître vos réponses.